martedì, novembre 15, 2005

La baia di Alfi e i Pre-Tomasi

Di tanto in tanto, citiamo (e proviamo a fare un po' di esplicita pubblicità) ai blog che seguiamo con più interesse, o passione, o diletto. Tra questi c'è quello di Alfibay, incrociato una prima volta per un post che descriveva momenti romani che ci capita di vivere spesso. Era una traversata per il centro di Roma, tra pozzanghere, schizzi di pioggia, libri feltrinelliani e afe tardo-primaverili. Ci aveva ammaliato, pur essendo noi di Walking Class (scusate il plurale, deformazione professionale) dei romani per forza, magneticamente attratti da altre latitudini e altre atmosfere. Ma a Roma viviamo da tanto, troppo tempo, e ritrovare un po' di magia quotidiana nei nostri percorsi consueti, ci aveva in qualche modo stregato. La baia di Alfi, però, non si limita ai pensieri, alle descrizioni, alle malinconie (forza, qui si è smesso di fumare da 5 anni, è dura ma si può). Quando c'è da battagliare, si battaglia. E senza guardare in faccia a nessuno. Leggete questo post, che se è vero mette in ridicolo tre persone in un colpo: il prode Adel Smtih (do you remember?) e i fratelli Pre-Tomasi, una sorta di gemelli Dupont (1) del foro musulmano. A questo poi aggiungiamo un post berlinese: e qui ci tocca il cuore.

Note:
(1) DUPONT & DUPOND. Policiers bornés, ils obéissent aveuglément aux ordres. Bêtes mais prétentieux, maladroits et solennels, ils sont plus gaffeurs que méchants. Leur ressemblance est extraordinaire: bien qu'ils ne soient ni jumeaux ni même frères, rien ne les distingue à première vue. Seule la forme de la moustache diffère. Comme l'expliquait Hergé, Dupond avec "d" a les moustaches droites, alors que Dupont avec "t" a les siennes un tantinet tire-bouchonnées. Leur expression favorite "Je le dirais même plus" est l'indice de leur comique involontaire: leurs gaffes et leurs lapsus se font toujours en duplicata. Apparus en 1934 dans la version noir et blanc des Cigares du Pharaon (mais déjà présents, de façon anonyme, à la première case de l'édition en couleurs de Tintin au Congo), les détectives Dupond et Dupont entretiennent avec les autres personnages de la série des relations pour le moins curieuses. Quoique n'appartenant en rien à la famille, ils la fréquentent de manière assidue. Bien que toujours prêts a arrêter Tintin, ils ne manquent jamais de l'appeler cher ami. Se ressemblant de manière hallucinante (quoique n'étant nullement parents), les deux représentants de la P.J. ne peuvent être distingués que par un seul trait: le style de leur moustache. Dupond la porte arrondie (en forme de D), cependant que son collègue la préfère plus pointue (en forme de T?). Pour le reste, ils sont l'un comme l'autre de parfaites incarnations de l'imbécillité et de la suffisance, ainsi que Pol Vandromme l'avait fort bien démontré dans son livre déjà ancien sur Le Monde de Tintin: "Les Dupond(t) portent le deuil de l'intelligence. Ils ont des mines et des moustaches de porc-épic, des chapeaux melons qui étaient déjà démodés il y a un siècle, des sourcils arqués d'inquisiteurs aux abois, des complets encrassés d'une encre noire et gluante, un nez de mardi gras, une figure de carême, des souliers à clous et à semelles de plomb. Regardez-les de face ou de profil, par-devant ou par-derrière; toisez-les sous n'importe quelle couture, ce sont toujours d'admirables spécimens d'abrutis." "Le fait que les personnages aillent toujours par deux souligne grandement leur ineptie. Car si, comme on le sait, l'imbécile est surtout celui qui ne fait que répéter, répéter une imbécillité n'est rien d'autre que la confirmer dans son être et l'amener à un stade proprement superlatif. Ce redoublement - que leur aspect physique affirme déjà de manière caricaturale - le langage des Dupondt ne va d'ailleurs avoir de cesse de l'accentuer. La tautologie et la redondance semblent être ses figures de base, ainsi que le prouve la remarquable assertion: C'est mon opinion et je la partage et surtout cette formule si célèbre qu'elle paraît être leur devise: je dirais même plus... Le langage des Dupondt n'est en fait qu'une variation sur un nombre restreint de clichés qu'ils utilisent à tout propos, c'est-a-dire le plus souvent complètement hors de propos. Mieux: ces clichés qu'ils ne cessent de répéter, ils les estropient autant que faire se peut. Multipliant jusqu'au délire lapsus, inversions et pataquès, les deux détectives ne parviennent jamais à restituer correctement ce style ronflant de discours de remise des prix qui semble représenter leur idéal d'éloquence. Le reste du comportement des Dupondt témoigne de la même absolue fidélité au stéréotype, et particulièrement leur manière de s'habiller. Dans chacun des endroits où leur métier les amène, les deux policiers se vêtent, pour passer inaperçus, de ce qu'ils croient être le costume local. Cette inaltérable conception du typique, qui ne va pas sans quelques confusions de folklores, a bien entendu les résultats les plus opposés à leurs attentes. Ces déguisements, qui devaient avoir pour effet de leur permettre de se fondre dans la population, deviennent à l'inverse quelque chose comme un infaillible signe distinctif. Pourtant, il faut se garder de trop accabler les Dupondt. Car - ce goût des costumes typiques doit nous mettre la puce à l'oreille - il semble bien que le comportement des deux détectives représente sur plus d'un point une trace ironique de la période des Aventures de Tintin qui précède Le Lotus bleu, celle où Tintin lui même (et sans doute Hergé) était persuadé qu'un pays ressemblait nécessairement au discours tenu sur lui. L'Afrique de Tintin au Congo n'est pas très loin d'une vision à la Dupond... dès lors, c'est un nouvel aspect du rôle des deux policiers qui commence à nous apparaître: celui d'être en quelque sorte les boucs émissaires de la série. Charger les Dupondt de toutes les niaiseries semble avoir été pour Hergé une manière d'exorcisme, une façon d'empêcher la série de retomber dans ses erreurs de jeunesse et de prévenir toute rechute. Et tout se passe comme si, par un acte d'héroïsme inouï (qui constitue la plus belle et la plus secrète de leurs missions), les deux détectives avaient accepté de concentrer sur leurs personnes tous les signes de bêtise afin de permettre aux autres personnages de s'en trouver définitivement exemptés.
Extrait : "Le Monde d'Hergé" par Benoît Peeterséditions CastermanBibliothèque de Moulinsart.